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Renaud Hétier

Renaud Hétier est professeur à l’UCO (Angers), collaborateur scientifique au CREN, EA 2661 (Nantes) et membre associé au LISEC UR 2310 (Université de Haute-Alsace). Il développe une réflexion sur l’attention, la présence et la médiation en éducation, sur la portée anthropologique et psychologique des usages numériques, ainsi que sur la préparation de l’avenir en temps d’effondrements. Il est notamment l’auteur de L’humanité contre l’Anthropocène. Résister aux effondrements, Cultiver l’attention et le care en éducation. À la source des contes merveilleux, Créer un espace éducatif avec les contes merveilleux ou comment penser le conflit, L’éducation, entre présence et médiation.

D’un côté, la religion historique a perdu, en Occident, de sa force et de sa crédibilité, et de l’autre, le matérialisme (consommation, profit, surexploitation des ressources et des humains et destruction de la Terre) ne peut nous satisfaire et n’est pas viable. Il s’agit alors de se tourner vers une nouvelle forme de spiritualité. Celle-ci peut s’inspirer des spiritualités orientales, comme le bouddhisme, pourvu de ne pas oublier une vraie « philosophie » d’arrière-plan, faite de bienveillance et de compassion active (et non pas seulement d’exercices, de techniques, et de bonnes dispositions mentales).
En effet, nous sommes en Anthropocène devant le constat d’une fragilisation de l’avenir, d’une grande injustice dans la répartition des ressources, avec des inégalités croissantes, eu égard à une perte de sens de l’existence qui peut affecter les individus. Le défi est donc considérable. Et la tentation peut être forte d’interpréter la perspective d’une spiritualité comme retrait du monde (ataraxie, quiétude, recherche du bien-être, concentration sur le présent, sur le corps, etc.).
Or, notre contexte actuel, d’une part, et ce qu’est vraiment un être humain, d’autre part, exigent beaucoup plus. Si nous ne nous engageons pas, nous devenons complices de l’injustice et de la destruction.
L’engagement relève-t-il de la seule sphère politique ? Non, car nous devons rester profondément reliés à la Terre, à la vie sous toutes ses formes, aux autres, à notre humanité propre, et pas seulement attachés à des idées. Un travail spirituel est donc nécessaire, sous différentes formes, et c’est ce que nous proposons.
Comment  » être « , aujourd’hui, sans être aspiré par le désir d’ « avoir » ? Comment être soi-même, tout en faisant place au changement en soi et à l’altérité (la sienne, celle des autres) ? Dans quelle mesure la méditation, la psychanalyse, le taiji quand parfois articulés les uns aux autres, peuvent nous aider, dès l’enfance même, nous trouver ? Comment pouvons-nous être plus attentifs à la vulnérabilité de chacun, plus présents au monde, aux autres, à soi ?
C’est résolument vers une spiritualité engagée dans notre temps, dans notre monde que cet ouvrage invite ses lecteurs, de façon accessible, pour que tous s’y retrouvent.